Categories: Chien

Date de publication

12 mai 2014

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Le diabète sucré est une des maladies endocriniennes les plus fréquentes chez le chien.

Le diabète du chien se caractérise par une hyperglycémie chronique (élévation du taux sanguin de sucre) et une glucosurie (sucre dans les urines) due à un déficit en insuline (arrêt de sécrétion).

Des formes juvéniles (maladie auto-immune) existent chez le Spitz loup, le Caniche et le Teckel chez lesquels le diabète apparaît avant l’âge d’un an.

Les chiennes adultes sont 2 fois plus atteintes que les mâles et, le plus souvent, entre 7 et 10 ans.

L’insuline est la seule hormone hypoglycémiante (qui fait baisser le taux de sucre dans le sang).
Elle est fabriquée par le pancréas, elle stimule la consommation du sucre sanguin par les muscles et elle empêche la fabrication de sucre dans le foie.

Le diabète peut aussi être secondaire à la prise de médicaments (corticoïde ou pilule contraceptive), à l’obésité (= cause d’insulinorésistance), à une inflammation pancréatique et plus rarement à un déséquilibre hormonal.

Un diabète peut apparaître après les chaleurs, il peut être alors lié à l’augmentation de la progestérone qui va entrainer une résistance à l’insuline par le biais de l’hormone de croissance.

C’est la raison pour laquelle la stérilisation est INCONTOURNABLE pour espérer faire entrer le diabète en rémission et même pour l’équilibrer.

Les symptômes :

  • Votre chien urine davantage (action osmotique du suce dans les urines) et boit davantage pour compenser.
  • Votre chien maigrit  car, à cause du défaut d’insuline,  les muscles ne peuvent plus consommer le sucre sanguin, pourtant élevé.
  • Votre chien mange davantage car le sucre sanguin, pourtant élevé, ne peut pénétrer dans le centre de la faim (hypothalamus) à cause du défaut d’insuline et ne peut plus procurer la satiété mais certains présentent un appétit capricieux.
  • De plus, le foie peut augmenter de volume, le poil devenir terne et votre animal fatigué.
  • La cataracte peut être présente au moment du diagnostic, elle apparaît 8 fois sur 10 dans l’année qui suit.

Le diagnostic :

Face à un tableau clinique évocateur, on mesure, par une prise de sang, la glycémie (= taux de sucre dans le sang), la fructosamine (qui reflète la glycémie moyenne dans le sang dans les 1 à 3 semaines précédentes) et on cherche une glucosurie (sucre dans les urines mesuré à l’aide d’une bandelette).

Un bilan élargi est recommandé :
Au moment du diagnostic, les affections intercurrentes et/ou complications sont à rechercher (infections urinaires présentes dans 13 à 24 % des cas et souvent sans symptômes d’où la recherche de protéinurie et bactériurie dans le culot urinaire), pancréatites (à rechercher en cas de signes digestifs associés), hypertension artérielle chez 1 chien  sur 2, stéatose hépatique, hépatite (si les paramètres hépatiques sont très élevés ( GPT> 500), neuropathie , hypothyroïdie …

Le bilan sanguin du chien diabétique montre fréquemment une élévation modérée des triglycérides, du cholestérol et des enzymes hépatiques.

L’analyse d’urines outre le dépistage d’infection urinaire permet de grader la gravité du diabète, la cétonurie sans acidose est possible et moins grave qu’une acido-cétose lors de décompensation du diabète sucré.

TRAITEMENT :

Objectifs : contrôler les signes cliniques du diabète en évitant les complications de la maladie et du traitement (hypoglycémie)

Exercice :

L’effort physique augmente la sensibilité des tissus à l’insuline et stimule le métabolisme du sucre. Favoriser l’exercice physique est essentiel :

       en multipliant les sorties de courte durée au départ

       en augmentant ensuite la durée de chaque promenade

Diététique :

Les mesures diététiques sont essentielles pour réduire les besoins en insuline.

Le grand principe de base est d’adopter un régime équilibré de bonne qualité le plus constant possible.
Les fibres régularisent l’absorption du glucose (en en ralentissant l’absorption lors du pic hyperglycémique après le repas), 12 % de fibres insolubles ou un mélange de 8 % de fibres solubles et insolubles sont recommandées.

15 à 25 % de protéines sont recommandées chez le chien selon la présence ou non d’autres affections.

Néanmoins, au long terme, c’est moins la richesse en fibre que la qualité et la constance des nutriments qui importe.

Il importe de nourrir votre chien 2 fois par jour après les injections d’insuline.

L’insulinothérapie :

L’insulinothérapie n’est possible que par voie injectable, si la perspective de « piquer » votre chien vous effraie, rassurez-vous.

Votre vétérinaire vous montrera la façon de procéder et vous essaierez sous ses yeux afin d’améliorer votre geste.

Rares sont les chiens rebelles aux bons soins de leur maitres…

Chez le chien diabétique non acido-cétosique, on utilise une insuline intermédiairemême si une cétonurie est détectée à  la bandelette avec un bon état général. En fonction de l’état d’hydratation, une perfusion sera mise en œuvre et la cétonurie doit disparaitre en quelques jours.

L’insuline doit être injectée 2 fois par jour à 12 heures d’intervalle. La régularité est essentielle.

La dose prescrite initiale dépend de la glycémie, de la fructosamine mesurée et de l’intensité des symptômes : 0.25 à 0.5 UI/kg/12 heures.

Au delà de 5g/l de glycémie au moment du diagnostic, on peut commencer le Caninsulin® avec 0.5 UI/kg/12 heures.

C’est votre vétérinaire qui définit la dose à injecter.

L’insuline la plus souvent utilisées chez le chien est : le Caninsulin®.

Le Caninsulin® (insuline porcine) est la seule insuline avec une AMM pour les carnivores domestiques, elle possède 2 pics d’action environ 3 heures puis 6 heures après l’injection où la glycémie est la plus basse, moment théorique où il faut guetter les signes d’hypoglycémie (abattement, tremblement, convulsions) pour y remédier avec l’application de miel ou de sucre  sur les gencives.

Comment utiliser le Caninsulin® ?

  • Avant ouverture, le flacon doit être conservé au réfrigérateur.
  • Après ouverture, il se conserve au moins 42 jours à température ambiante à l’abri de la lumière dans son étui (voir 6 mois).
  • Avant injection, retourner 10 fois le flacon pour remettre en suspension l’insuline
  • Piquer dans le flacon avec la seringue graduée à 40U/ml montée d’une aiguille, retourner le flacon et charger la seringue de la dose prescrite, sortir la seringue montée du flacon.
  • Injecter la dose prescrite sous la peau fine des flancs (à droite le matin et à gauche le soir ou l’inverse).
  • Nourrir votre chien après chaque injection, de préférence avec un aliment riche en fibres.

Quels sont les signes d’hypoglycémies et que faire si vous les reconnaissez ?

Il est essentiel de connaître les signes d’hypoglycémie : abattement, chute, incapacité à se tenir debout, tremblements, convulsions.

Le premier geste à accomplir est l’application répétée de miel ou de sucre dilué sur les gencives et dans la bouche.

Ensuite il convient de consulter votre vétérinaire.

Que faire si les injections vous semblent impossibles ?

Le glipidize est un hypoglycémiant oral qui existe sous forme de comprimés à 2,5 ou 5 mg.  Ce médicament par voie oral n’est pas adapté au diabète du chien dont le traitement nécessite impérativement des injections d’insuline.

Favoriser l’exercice physique, instaurer un régime équilibré et constant de bonne qualité, de préférence riche en fibres à distribuer en 2 repas (après chaque injection d’insuline) et l’incontournable insulinothérapie par voie injectable 2 fois par jour à 12 heures d’intervalle constituent les 3 axes de traitement du diabète sucré canin.

Le suivi du chien diabétique ou comment savoir si le contrôle du diabète sucré est satisfaisant ?

La disparition des signes cliniques liés au diabète : diminution de la prise de boisson et de l’appétit, stabilisation du poids sont d’excellents indicateurs.

La première évaluation, sauf complications, doit avoir lieu 10 à 15 jours après le début de l’insulinothérapie,  par la suite, au moins 15 jours de délai sont nécessaires pour mesurer l’impact de tout changement dans le traitement.

Le suivi vétérinaire est toutefois indispensable pour adapter le traitement et prévenir les complications : hypoglycémie  en cas de dose trop forte ou diabète acido-cétosique en cas de mauvais équilibre du diabète secondairement à une infection urinaire par exemple.

Le suivi vétérinaire comprend chaque fois :

       une évaluation clinique avec pesée, évaluation de l’hydratation et examen clinique complet

       une mesure de la fructosamine dans le sang et/ ou une courbe de glycémie  (6 prises de sang toutes les 2 heures avec le Caninsulin

       une analyse d’urine  (culot et bandelette) surtout s’il y a persistance ou réapparition des signes cliniques

       d’autres examens complémentaires suivant l’état de votre chien

En pratique, la mesure de la fructosamine nécessite une unique prise de sang lors du rendez-vous de suivi. La fructosamine reflète la glycémie moyenne dans le sang des 1 à 3 semaines précédant la prise de sang. Cette mesure est très utile chez les chiens chez qui la courbe de glycémie est impossible.
Si il n’existe pas de valeur idéale de la fructosamine à obtenir, en parallèle à la disparition des signes cliniques, la fructosamine d’un chien diabétique doit diminuer significativement.

En pratique, la courbe de glycémie nécessite l’hospitalisation de votre chien pendant 12 heures pour une première mesure de la glycémie le plus près possible de l’injection d’insuline puis 5 autres espacées de 2 heures chacune. Pour limiter le stress et la douleur, on pose généralement un cathéter de gros calibre le matin par lequel la récolte de sang se fera ultérieurement.

La courbe de glycémie est le seul moyen de connaître la durée d’action de l’insuline chez votre chien, elle permet de mesurer l’efficacité de l’injection que vous avez réalisée et de rechercher une insulinorésistance. Elle doit toujours être interprétée en fonction des signes cliniques.Si le diabète sucré de votre chien n’est pas équilibré, technique et méthodes d’administration doivent être vérifiées en premier, si elles sont bonnes, la dose injectée sera modifiée.

La dose d’insuline est généralement modifiée par paliers de 20 % parfois de 50 % :

       on augmente la dose d’insuline si les signes cliniques persistent et si la fructosamine ne diminue pas

       on diminue la dose de 20 % en cas de signe d’hypoglycémie associée à une  diminution de la fructosamine ou une hypoglycémie avérée sur la courbe

Il arrive que le diabète ne soit pas équilibré avec des doses de 2U/kg/12 heures, la courbe présente alors une faible amplitude avec des glycémies élevées. On parle d’insulinorésistance. Inutile d’augmenter encore les doses ni de changer une nouvelle fois d’insuline, il faut chercher les causes d’insulinorésistance pour y remédier.

En dehors de la hausse de progestérone après les chaleurs (évoquée plus haut) qui doit rapidement être solutionnée par la stérilisation après initiation de l’insulinothérapie,  les autres causes d’insulinorésistance chez le chien sont par ordre de fréquence :

  • hypercorticisme dans 38 % des cas (de diagnostic délicat)
  • infection dans 16 % des cas
  •   insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque dans 6 % des cas
  •  hypothyroïdie
  •  médicaments
  • pancréatite chronique…

En conclusion, la prise en charge rapide du diabète sucré canin repose sur l’instauration de 2 injections d’insuline sous la peau à 12 heures d’intervalle associée à un régime alimentaire équilibré et constant de qualité, si possible riche en fibres, et une stimulation de l’exercice physique.

Un suivi initial serré du poids, des symptômes, des paramètres sanguins et urinaires permet très souvent d’obtenir une stabilisation.

L’insulinorésistance est possible mais certaines de ses causes sont facilement remédiables si elles sont prises en charge rapidement.

Si la prise en charge initiale est un peu lourde, elle s’allège ensuite et un chien diabétique équilibré peut vivre plusieurs années.