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Le virus leucémogène félin (FeLV) est un rétrovirus dont le processus responsable du déclenchement et du déroulement de la maladie est complexe. Seuls les Félidés sont infectés actuellement, les lions d’Afrique et d’Asie semblent pour l’heure épargnés. C’est une infection mondiale. Aucune transmission du chat à l’homme n’est possible.

Le nombre de cas Français est passé de 16 % en 1990 à 1% en 2011 grâce à l’existence du dépistage et de la vaccination.

Mais la prévalence (nombre de cas) dépend des populations étudiées car, dans certaines collectivités sans mesures de prévention sanitaire, elle atteint 20 %.

Si la primo-infection se déroule classiquement dans la sphère oro-nasale avec une multiplication du virus dans les amygdales, le devenir du virus varie selon l’âge, la pression d’infection, le statut immunitaire et la virulence.

Le virus peut être rapidement maitrisé engendrant l’avortement de l’infection (20 à 30% des cas) ou, au contraire, proliférer de façon plus ou moins importante et plus ou moins rapide entrainant :

  • une infection régressive (virémie transitoire de 3 à 6 semaines, maximum 16 semaines) pour 30 à 40% des cas,
  • rarement une infection focale : mamelle, vessie, yeux (pour des chatons contaminés par leur mères)
  • ou une infection progressive avec une virémie permanente et définitive pour environ 30 à 40% des cas. Ces chats constituent la principale source de contamination des autres chats. Leur espérance de vie est de 3 ans.

Les facteurs favorisant l’expression clinique sont aussi le jeune âge, la pression d’infection, le statut immunitaire du chat.

Les manifestations cliniques sont nombreuses, complexes et dépendantes de l’âge du chat au moment de l’infection (chatons très sensibles, chats âgés peu sensibles) et du sous-groupe de virus l’affectant.

Atteinte du système immunitaire :

  • atteinte de la lignée des lymphocyte T et atrophie du thymus chez le chaton entrainant le syndrome de dépérissement, une sensibilité accrue aux infections courantes, une réponse vaccinale plus faible…
  • maladie immunologique suite à des mécanisme d’hypersensibilité (2 et 3) : anémie hémolytique  à médiation immune, polyarthrite, uvéites et glomérulonéphrites à dépôts de complexes immuns.
  • atteinte de la moelle osseuse : anémie arégénérative, neutropénie, atteintes plaquettaires…
  • Transformation tumorale : leucémies, lymphomes (médiastinaux, c’est à dire entre les lobes pulmonaires surtout chez le jeune et digestifs, c’est à dire dans les intestins surtout chez le chat âgé). Le FeLV n’induit pas de lymphome B et moins de 20 % des lymphomes sont dus au FeLV.
  • Formes atypiques : atteinte digestives (entérite, hépatite), troubles de la reproduction, neuropathie périphérique (pupilles de diamètre inégal, dilatation des pupilles, syndrome de Claude Bernard Horner, parésie…)

Les matières virulentes sont la salive, les sécrétions nasales, les selles et le lait des mères infectées. Le virus ne survit que très brièvement dans le milieu extérieur sauf dans les crottes ou autre milieu humide (sang réfrigéré). Il est rapidement détruit par le savon, les désinfectants, le chauffage et le séchage.

La transmission se fait essentiellement lors de contacts amicaux (toilettage mutuel, reproduction) mais aussi lors de morsures. Les animaux infectés éliminent rapidement le virus ou deviennent infectés avec une virémie transitoire ou persistante, devenant alors sources de contamination eux-mêmes. Une transmission trans-placentaire est possible entrainant avortements ou rapidement l’expression de la maladie chez le chaton.

Diagnostic et dépistage :

Le dépistage de routine se fait grâce à la recherche de l’antigène P27 viral grâce à une technique ELISA sur test rapide de bonnes spécificité et sensibilité. Par ce test, le dépistage est positif 3 semaines après l’infection.

La prévalence (nombre de cas de la maladie) de la Leucose féline étant très faible (1% de la population féline française), attention à l’interprétation d’un test positif sur un chat en bonne santé, environ une chance sur 2 d’avoir un faux positif !

Il convient alors de vérifier le statut de l’animal pas une méthode alternative très spécifique pour rechercher le provirus : PCR (positif et fiable 1 semaine après l’infection).

Le sang de tout chat donneur de sang doit avoir une PCR négative.

La PCR en temps réel ou RT-PCR est une méthode semi quantitative utilisée pour objectiver la présence du virus au sein d’un effectif (jusqu’à 30 individus).

Le dosage d’anticorps n’est pas une bonne technique car aucune sérologie ne permet de différencier un chat infecté d’un chat vacciné.

Votre chat est séropositif, que faire ?

L’interprétation du test de dépistage diffère selon la situation de dépistage. Si votre chat est jeune, en bonne santé, qu’il ne sort pas, que ses parents sont connus et que le dépistage par test rapide en routine avant une vaccination est positif, il y a une chance sur 2 que ce soit un faux positif, il convient de faire un dépistage alternatif plus spécifique par PCR.

  • Si votre chat est malade et exposé aux facteurs de risque (jeune et venant d’une collectivité), le test rapide de dépistage devra être confirmé pour différencier les infectés régressifs avec une virémie transitoire (symptômes alors liés à une infection passagère banale) des infectés progressifs avec une virémie permanente responsable des symptômes observés.

La confirmation peut se faire :

  • par PCR, les virémiques permanents ont une forte charge virale tandis que celle des virémiques transitoires est faible
  • ou par un autre test rapide ELISA 3 mois plus tard qui sera positif chez les seuls infectés progressifs

Attention, les faux négatifs existent aussi :

  • en début d’infection car 3 semaines sont nécessaires à la séroconversion
  • pour les chatons nés de mères infectées (syndrome de dépérissement)
  • pour les virémiques transitoires (après les 2 à 16 semaines de leur virémie correspondant au temps où ils sont contagieux)
  • en phase aigue de la maladie, pour les formes focales et les formes tumorales.

Dans ces cas, la PCR est positive (7 jours après le contact).

Votre chat, séropositif et malade, est d’abord soigné pour l’affection secondaire en cours. Un traitement de soutien (fluidothérapie) avec des soins minutieux est nécessaire. Comme il est désormais plus sensible aux infections secondaires, un contrôle chez votre vétérinaire est systématiquement souhaitable pour s’assurer de la bonne réponse au traitement.

 Votre chat vit avec un ou plusieurs congénère(s), quels sont les risques de contamination?

Avec une transmission oro-nasal, le risque est réel pour les congénères lors du toilettage mutuel. Il convient de tester tous les chats et d’isoler les séropositifs des autres. La vaccination des séronégatifs sans isolement des séropositifs constitue une fausse sécurité, l’isolement des séropositifs est indispensable.

Quelle surveillance d’un chat séropositif ?

Un chat séropositif vit environ 3 ans avec les précautions suivantes :

  • diminuer l’exposition aux infections en évitant les sorties en extérieur si cela est envisageable. C’est aussi le meilleur moyen de prévention pour protéger les chats du quartier de la contamination.
  • surveiller le poids par une pesée tous les 15 jours : tout amaigrissement mensuel supérieur à 300 g doit motiver une consultation
  • soigner précocement chaque infection secondaire.
  • Deux visites vétérinaires annuelles avec une attention particulière aux dents, à la cavité buccale, aux formations lymphoïdes (ganglions), aux yeux et à la peau.
  • Un bilan sanguin (hémogramme pour déceler infection et/ou anémie et bilan biochimique de base) et urinaire annuels sont  recommandées.

Faut-il vacciner un chat FeLV séropositif ?

Les FeLV séropositifs sont plus sensibles aux infections, il convient des les vacciner annuellement contre le typhus et le coryza avec un vaccin inactivé, seulement s’ils sont stabilisés en phase asymptomatique.

Quels traitements pour un chat FeLV séropositif ?

  • Traitement des maladies qui découlent de l’infection ou de l’immunodépression induite : le traitement doit être précoce, parfois plus long  et en ayant recours à des doses plus élevées pour obtenir l’effet attendu. Une antibiothérapie de prévention est inutile voire néfaste. Les corticoides à haute dose sont à proscrire.
  • Mise en place d’une thérapie antivirale : l’AZT=zidovudine (Rétrovir®) réduit la charge virale et renforce le statut immunitaire, elle pourrait être utilisée à la dose de 5 à 10 mg/kg 2 fois par jour par voie orale ou sous cutanée mais attention aux effets secondaires sur la moelle osseuse : anémie arégénérative possible.
  • En France, l’interferon omega félin (Virbagen omega félin) est disponible  (mais onéreux) pour les chats infectés symptomatiques à un stade non terminal à raison de 3 cycles de 5 jours consécutifs d’injection par voie sous cutanée (1MU/kg) à J0, J14 et J60. Aucun effet secondaire n’a été mis en évidence et un bénéfice de 9 mois sur l’espérance de vie et une amélioration des signes cliniques ont été démontrés.

FeLV, quelle prévention ?

La prévention sanitaire consiste à isoler les individus susceptibles d’être contaminants (tous les chats avec un test rapide ELISA positif) des chats sains.

En France, nombreux vaccins existent contre cette maladie : inactivés, recombinants sous unitaire et vectorisés. La vaccination doit être envisagée pour tous les chats susceptibles d’être en contact avec des congénères au statut inconnu. L’efficacité du vaccin nécessite le respect strict du protocole établi par chaque laboratoire : après un test rapide Elisa négatif, à partir de l’âge de 8 semaines, 2 injections à 3 semaines d’intervalles sont indispensables pour induire une forte réponse immunitaire. Cette réponse sera entretenue par une nouvelle injection, un an après la première. Un rappel annuel est indispensable pour maintenir ensuite l’immunité.

Pour en savoir plus : www.abcd-vets.org

Dépistage et vaccination sont les piliers de la prise en charge de l’infection par le FeLV, ce qui a permis l’abaissement considérable de la prévalence de cette maladie (16 % en 1990 à 1% en 2011).

Attention à l’interprétation d’un test rapide Elisa positif sur un chat sain : la faible prévalence de cette maladie entraine un risque de faux positif de 50 %,  il est indispensable de confirmer l’infection par PCR sur sang ou de refaire un nouveau test rapide 3 mois plus tard.

L’évolution est très favorable pour les infections abortives (30% des cas avec un test rapide Elisa toujours négatif) et régressives (30% des cas un test rapide Elisa positif pendant 2 à 16 semaines puis négatif), plus réservées pour les progressives (30% des cas avec un test rapide Elisa toujours positif).

En l’absence de signe clinique chez un chat séropositif, aucun traitement n’est justifié.

L’espérance de vie d’une infection progressive par le FeLV est d’environ 3 ans et d’autant plus longue que la surveillance est accrue et les soins des affections intercurrentes rapidement mis en place.